Chapitre 9

 

De toutes mes connaissances, Barbie est celle qui a l’air le plus innocent, et donc la candidate idéale pour charmer Cooper et l’amener à ouvrir sa porte alors qu’il ne le devrait pas. Nous étions peu nombreux pour cette expédition – seulement Barbie, Adam et moi –, par souci de simplicité.

Cooper était divorcé et vivait en banlieue dans une maison destinée à héberger toute une famille et pas un homme célibataire. Une famille riche. Et probablement avec des domestiques vivant à domicile.

Quand nous arrivâmes, les lumières à l’intérieur étaient allumées et il n’y avait pas de voiture dans l’allée. Apparemment, nous aurions Cooper rien que pour nous et c’était justement ce que nous voulions.

Nous nous garâmes de l’autre côté de la rue pour ne pas attirer son attention en nous arrêtant dans son allée. S’il nous apercevait, Adam et moi, nous n’aurions aucune chance qu’il ouvre la porte sans faire de raffut. Nous étions furtifs à l’excès. Au lieu d’emprunter le petit chemin bien éclairé menant à sa porte, nous traversâmes la pelouse dans l’ombre de la haie décorative qui bloquait la vue depuis la maison voisine. Puis nous nous courbâmes en passant sous la fenêtre et nous grimpâmes sur le porche en rampant.

Adam et moi nous collâmes contre le mur près de la porte. Cooper ne pourrait pas nous voir sans passer la tête dehors et, s’il agissait ainsi, nous serions à l’intérieur avant qu’il s’en rende compte. Barbie haussa un sourcil dans notre direction et nous hochâmes tous les deux la tête pour lui indiquer que nous étions prêts. Elle appuya sur le bouton de la sonnette.

Des pas résonnèrent dans l’entrée. Barbie se redressa et s’humecta les lèvres, y déposant un léger vernis humide.

Les pas s’arrêtèrent devant la porte. Cooper vérifiait probablement qui avait sonné. Comme je l’ai dit, il était difficile d’imaginer quelqu’un de plus inoffensif que Barbie – même si, bien sûr, elle n’était pas aussi inoffensive qu’elle le paraissait. Je m’attendais que Cooper lui ouvre aussitôt. Quel hétéro quinquagénaire n’ouvrirait pas quand une bombe blonde d’une vingtaine d’années se tenait sur son perron ?

Visiblement, Bradley Cooper.

— Qui est-ce ? demanda-t-il à travers la porte close.

Barbie battit des cils. C’était sûrement assez sexy à voir, mais je savais qu’elle était plus surprise qu’aguicheuse.

— Je m’appelle Barbara Paget, dit-elle.

Il n’y avait aucune raison d’utiliser un faux nom puisque Cooper nous reconnaîtrait de toute façon, Adam et moi.

— Ma voiture est en panne et je me demandais si je pouvais utiliser votre téléphone. Je n’en ai que pour une minute.

Elle sourit avec espoir vers l’œilleton.

Cooper hésita encore un moment mais, apparemment, même lui était tombé sous le charme de Barbie. J’entendis son léger soupir puis le cliquètement de la chaîne et des verrous. Barbie recula un peu et, au moment où le battant commençait à s’ouvrir, Adam bondit devant elle et poussa fortement la porte.

Cooper, qui avait été projeté en arrière et était tombé sur le cul, laissa échapper un cri de surprise au moment où Barbie et moi nous faufilions par la porte qu’Adam tenait ouverte.

— Sortez d’ici ! ordonna Cooper.

Difficile de paraître autoritaire quand on est étalé par terre. Surtout quand votre apparence colle tout à fait avec votre personnalité de fouine, dents en avant et petits yeux compris.

Cooper se remit debout tant bien que mal en nous lançant des regards furieux.

— Sortez d’ici ou j’appelle la police !

Adam éclata de rire.

— Avez-vous oublié que je suis la police ?

Cooper lui adressa un sourire méprisant.

— Ça ne veut pas dire que vous êtes au-dessus des lois. Ou bien avez-vous peut-être un mandat que vous souhaitez me montrer ?

Adam, tout sourires, fit un pas en avant. Ce n’était pas une attitude avenante et une poussée de sueur apparut sur le front de Cooper. Il recula en levant les mains.

— Ne m’approchez pas ! hurla-t-il.

Adam s’immobilisa.

— Pas besoin de vous mettre dans tous vos états, dit-il en souriant. Nous voulons juste avoir une petite discussion avec vous.

— Je me rappelle la dernière petite discussion que nous avons eue, répondit Cooper en reculant de nouveau. Je crois que je n’en ai pas envie.

Je fronçai les sourcils. Cooper lançait des regards nerveux et battait en retraite devant Adam comme si ce dernier était un dangereux prédateur. Pourtant il y avait un décalage entre ses paroles et ses gestes. Cooper était habituellement incapable de sarcasme.

— Ne bouge plus, Brad, l’avertis-je en me demandant s’il tentait de se rapprocher d’une arme.

Notre dernière visite l’avait peut-être rendu un peu plus prudent.

— Et garde tes mains bien visibles, ajoutai-je.

Cooper se figea, les mains de part et d’autre de son corps, les doigts écartés. C’était exactement ce que j’attendais de lui. Pourtant quelque chose en lui me tracassait. Gardant toujours un œil sur Cooper, j’ouvris mon sac à main et fouillai dedans à la recherche de mon Taser. Je ne me déplaçais pratiquement jamais sans mais, puisque je n’avais pas prévu de m’en servir ce soir, il était enterré quelque part dans les profondeurs de ce trou noir.

— J’aimerais vous poser quelques questions concernant la nouvelle campagne de recrutement de la Société de l’esprit, dit Adam.

Cooper cligna des yeux, l’air surpris.

— Quel genre de questions ? Il n’y a rien de terriblement mystérieux concernant cette campagne. Vous pouvez visiter notre site Internet si vous avez besoin d’informations.

— Pas cette campagne de recrutement là, poursuivit Adam. L’autre.

Cooper secoua la tête.

— Je ne sais absolument pas de quoi vous parlez. Il n’y a qu’une campagne et l’information est entièrement publique. Je crois que vous devriez vous en aller à présent.

Adam fit claquer sa langue.

— Allons-nous vraiment être obligés de réitérer l’expérience de notre précédente visite ? J’ai été assez gentil avec vous la dernière fois parce que je savais que vous aviez toutes les raisons d’avoir peur de Raphael, mais je ne me sens pas aussi charitable ce soir.

Cooper, le visage livide, déglutit avec difficulté.

— Je ne peux vous empêcher de « réitérer l’expérience de votre précédente visite », comme vous dites, mais cela ne vous mènera nulle part.

Mes doigts se refermèrent enfin sur mon Taser au moment même où ma paranoïa revenait à la charge. Cooper avait l’air tout à fait terrifié mais ses propos… étaient trop calmes, trop mesurés. Quelque chose clochait. J’en étais persuadée. Cooper n’était peut-être pas seul dans la maison après tout. Le menacer ou le posséder illégalement en présence de témoins serait vraiment grave.

Adam ne paraissait pas avoir mes scrupules. Se jetant en avant, il percuta Cooper et le plaqua au sol. J’armai mon Taser à l’aveuglette pendant qu’Adam saisissait les deux poignets de Cooper pour les lui clouer au-dessus de la tête.

Cela aurait dû suffire pour qu’Adam se glisse hors du corps de son hôte pour passer dans celui de Cooper. Le transfert par contact de peau à peau ne prend qu’un millième de seconde.

Adam écarquilla les yeux à l’instant même où je compris que Cooper était bien seul dans la maison, mais ne l’était peut-être pas dans son corps.

— Merde ! fit Adam.

Cooper, souriant, releva les jambes et, d’un mouvement vif, frappa le ventre d’Adam des genoux. Adam grogna de douleur et lâcha les poignets de Cooper. Ce dernier projeta ensuite Adam au milieu de la pièce comme un fétu de paille.

J’essayai de tirer avec le Taser mais rien ne se produisit. Bon sang ! La batterie avait dû se vider. Cooper me sourit tout en avançant vers Adam qui avait encore l’air dans les vapes.

Quand Barbie bondit entre les deux hommes, je découvris qu’elle était armée. Malheureusement, un pistolet ne sert pas à grand-chose face à un démon. Si votre premier coup n’est pas fatal, il est fort probable que vous n’ayez pas la chance d’en tirer un second.

Barbie n’eut même pas le temps d’appuyer une fois sur la gâchette. Les réflexes du démon de Cooper lui permirent d’arracher le pistolet de la main de Barbie avant qu’elle presse la détente. Elle lâcha un petit cri et s’écroula au sol en serrant contre elle la main qui avait tenu l’arme. Quand les démons frappent, ils ont tendance à casser des os.

— Écarte-toi de là ! criai-je à Barbie.

Elle ne pouvait rien pour aider Adam – elle risquait surtout de se faire tuer. N’étant pas aussi cruche que son apparence pouvait le laisser supposer, elle s’éloigna tant bien que mal des deux démons. Elle avait au moins suffisamment attiré l’attention de Cooper pour laisser à Adam le temps de recouvrer ses esprits.

— Surprise ! railla Cooper en souriant à son adversaire.

Rétrospectivement, il aurait dû nous effleurer l’esprit que, si la Société de l’esprit recrutait autant en abondance, le vœu de Cooper finirait bien par se réaliser et qu’il aurait alors la possibilité de devenir lui-même hôte.

— Bon sang, tu devais vraiment avoir envie de venir sur la Plaine des mortels pour accepter de posséder un hôte avec une tête pareille, dis-je en retroussant exagérément la lèvre.

Cooper était le spécimen humain le plus repoussant qui soit.

Le démon gronda en montrant les dents. D’une manière ou d’une autre, il était parvenu à rendre ce visage de rongeur menaçant.

— Sortez d’ici, toutes les deux, nous lança Adam tout en avançant vers Cooper.

Adam aurait dû avoir un avantage sur Cooper puisque son hôte pesait peut-être trente-cinq kilos de plus que celui de Cooper. Et même si je n’aimais pas l’idée de le laisser se battre seul contre son adversaire, étant donné que mon Taser était hors-service, je n’étais, à l’image de Barbie, pas d’une grande utilité.

— Oh, je ne crois pas, déclara Cooper qui, au lieu de foncer sur Adam, se jeta sur Barbie et moi.

Lugh fit surface sans avertissement ni pensée consciente de ma part. Une minute, j’étais une femme humaine chétive se préparant à un assaut qui allait probablement la briser en deux, et la minute suivante, mon corps ne m’appartenait plus.

Malgré le danger imminent, je ne pus réprimer une réflexion exaspérée :

— Où étais-tu ?

— Plus tard, se contenta-t-il de me répondre.

Il pivota pour éviter la charge de Cooper, se déplaçant juste assez lentement pour que son réflexe paraisse relever de capacités humaines. Il perdit ensuite « accidentellement » l’équilibre et alla s’écraser contre Barbie. Elle hurla de douleur quand sa main blessée heurta le sol mais, au moins, Lugh se trouvait à présent entre Cooper et elle.

Ce dernier s’arrêta en dérapant et me fit penser au taureau qui fait demi-tour avant de charger de nouveau sur la cape du matador. Barbie pleurnichait tant elle souffrait et elle se tortillait pour tenter de se dégager de mon poids, mais Lugh la clouait fermement au sol. Si Cooper s’en prenait encore une fois à nous, Lugh devrait utiliser sa force et sa rapidité surnaturelles pour nous protéger et cela compliquerait sacrément cette rencontre.

Cependant, Adam ne se contentait pas de rester assis là à se tourner les pouces pendant que Cooper attaquait. Ses fonctions l’obligeaient à porter son arme en toute occasion et il avait profité de ne plus être aux prises avec Cooper pour la dégainer.

— N’y songe même pas ! cria-t-il à Cooper pour détourner son attention.

Le pistolet n’est peut-être pas une arme idéale contre les démons, mais au moins Adam eut le réflexe, contrairement à Barbie, de dégainer à temps. Et il était assez proche de Cooper pour que son tir fasse des dégâts.

Cooper se figea en regardant l’arme braquée sur sa tête.

Lugh décida que ses services n’étaient plus requis et s’effaça. De manière prévisible, le changement de contrôle me retourna l’estomac et me donna une migraine de tous les diables. Je libérai Barbie en roulant sur le côté, regrettant aussitôt mon mouvement quand mon ventre se mit à protester. Je parvins malgré tout à ne pas vomir. Un point pour moi !

Cooper, debout, les bras le long du corps, mains ouvertes, avait l’air horriblement détendu pour un homme qui avait une arme braquée sur la tête. Bien sûr, le pistolet ne pouvait tuer que Bradley Cooper, pas le démon, ce qui expliquait que ce dernier n’avait aucune raison de s’inquiéter. Quand il sourit, un frisson me parcourut l’échine.

— Je me demande ce que vous avez prévu de faire, directeur White, dit le démon à Adam. Vous êtes entré de force et sans mandat dans ma maison, et à présent vous me menacez d’une arme. Je vous informe que M. Cooper est un hôte légal et enregistré. Votre attaque est donc complètement injustifiée.

Adam s’esclaffa en grognant.

— Racontez ça à Barbara, dit-il en désignant Barbie d’un mouvement du menton.

Barbie, assise contre le mur, serrait son bras blessé contre elle. La douleur lui donnait un teint blafard.

Cooper haussa un sourcil.

— Vous voulez dire la jeune femme qui a essayé de me tirer dessus ? Bizarrement, j’ai interprété son geste comme une provocation.

— D’après la loi, vous ne pouvez blesser un humain, même en cas de légitime défense, déclara Adam sans paraître vraiment convaincu.

C’est vrai que la loi de Pennsylvanie est draconienne quand elle concerne les démons. La légitime défense n’est généralement pas acceptée comme excuse au cas où un humain finit grièvement blessé. Mais même si la main de Barbie était cassée, ce n’était pas vraiment une blessure grave étant donné qu’elle avait eu l’intention de tirer. Un juge de Pennsylvanie pouvait très bien décider de laisser Cooper tranquille.

— Bien sûr, vous pouvez toujours me tirer dessus, poursuivit Cooper. Je suis certain que vous saurez très bien expliquer à vos collègues pour quelle raison vous avez tiré sur un homme désarmé.

J’aurais probablement dû me taire mais ce n’était pas mon genre.

— Vous êtes un démon. Vous n’avez pas besoin d’être armé pour être dangereux. Et deux témoins pourront assurer que vous nous avez attaqués.

— Et vous n’aurez certainement aucun problème à expliquer à la police pourquoi vous avez décidé de venir me voir et comment vous avez fini par me tirer dessus lors de cette visite, répliqua Cooper avec un sourire suffisant. Si c’est le cas, alors allez-y, tirez, directeur White. Ne vous inquiétez pas, je ne vous en tiendrai pas rigueur et je ne reviendrai pas me venger de vos amis quand l’État vous aura jugé. (Il fronça exagérément les sourcils.) Même si, en y réfléchissant bien, ce pourrait être amusant.

Qui avait eu l’idée géniale de venir interroger Cooper ? Oh, c’est vrai, c’était moi. Merde.

— Prends un coussin sur le canapé, m’ordonna Adam en me désignant le salon d’un mouvement de tête.

— Tu as prévu de faire une petite sieste ? marmonnai-je tout en m’exécutant.

Si j’avais été Sherlock Holmes, j’aurais remarqué dès que nous étions entrés que le salon était trop bien rangé – Cooper avait le sens esthétique du célibataire typique et, la dernière fois que nous étions venus, l’endroit était un véritable foutoir. Aujourd’hui, il était impeccable. Évidemment, même si je l’avais remarqué, j’aurais supposé qu’il avait engagé une femme de ménage, pas qu’il était possédé.

J’apportai le coussin à Adam. Je regardais assez la télévision pour deviner qu’il allait l’utiliser pour étouffer le coup de feu. Est-ce que cela signifiait qu’il avait prévu de tirer ? Et si ce n’était pas le cas, qu’allions-nous faire ensuite ?

Tirer ou ne pas tirer ? Je n’aimais aucune des deux options qui se présentaient à nous. Nous allions devoir y réfléchir à un moment ou à un autre. Mais je savais très bien repousser à demain ce que je ne voulais pas faire le jour même.

— Ne le tue pas à moins d’y être forcé, dis-je à Adam. Nous avons encore pas mal de questions à lui poser, non ?

Adam m’adressa un sourire sauvage en enfouissant sa main armée dans le coussin. Son sourire n’était pas aussi équivoque que d’ordinaire, mais seule une personne le connaissant vraiment très bien pouvait le remarquer. Les arguments de Cooper avaient fichu la trouille à Adam. Voilà qui n’était pas rassurant.

Cooper croisa les bras sur son torse.

— Je serais curieux de voir de quelle manière vous comptez me faire parler.

Le coup d’œil qu’Adam m’adressa me confirma qu’il se posait la même question.

— Où sont les clés de la voiture ? demandai-je.

Au regard qu’Adam me jeta, je compris qu’il avait immédiatement saisi mon allusion. Nous étions venus jusqu’ici dans sa voiture banalisée et je savais qu’il gardait un Taser dans son coffre. Il n’était pas obligé de toujours porter le Taser, mais il devait en garder un à disposition et prêt à l’usage puisqu’il se trouvait souvent en situation de pourchasser des démons. Je n’aurais su dire, à l’expression de Cooper, si ce dernier avait compris lui aussi.

— Ma poche de devant, répondit Adam.

Je jurai à voix basse. Je n’avais pas vraiment envie de mettre la main dans la poche de son jean, qu’il portait d’ailleurs très serré. Mais il avait besoin de ses deux mains – pour tenir larme et le coussin – et, vu la situation, peu importait ce dont j’avais envie ou pas.

— Tu peux tenir encore un peu ? demandai-je à Barbie.

Je tentais encore une fois de retarder le moment de passer à l’acte, c’était plus fort que moi.

Elle acquiesça.

— Ça va aller. La jambe me faisait beaucoup plus mal.

Elle parvint à m’adresser un léger sourire. La dernière fois que nous avions affronté ensemble un démon, ce dernier lui avait assené un coup dans les jambes et lui en avait brisé une. Humain contre démon : le combat n’est jamais équilibré.

Je m’approchai d’Adam pour prendre les clés en grimaçant légèrement. J’aurais juré discerner un petit sourire satisfait mais, puisqu’il ne quitta pas Cooper des yeux une seconde, je ne crus pas bon de m’en plaindre.

Adam est beau à tomber par terre. Impossible pour moi de plonger la main dans la poche de son pantalon sans être douloureusement consciente de sa virilité. L’après-rasage épicé qu’il portait. Le muscle puissant de sa cuisse que je frôlai pour attraper les clés. Et son… hum… enthousiasme à peine voilé à mon contact. Ai-je déjà mentionné qu’Adam est bi ? Il était totalement fidèle à Dominic, mais cela ne l’empêchait pas d’avoir de temps à autre des pensées impures.

En dépit de mes efforts pour paraître détendue, je dus rougir quand je refermai les doigts sur la clé. Cooper émit une sorte de hennissement, mais je refusai de regarder l’un ou l’autre des deux hommes.

Les joues toujours en feu, je sortis pour me rendre à la voiture en espérant que Cooper apprécierait de rester debout avec le flingue d’Adam braqué sur la tête pendant que j’allais chercher le Taser.

Je fis aussi vite que je pus, ne sachant pas combien de temps le statu quo allait pouvoir durer dans la maison. Je traversai la rue en courant de la manière la plus discrète possible et j’ouvris le coffre de la voiture. La batterie du Taser d’Adam était chargée à bloc. Malgré mes précautions pour refermer le coffre, il produisit un bruit métallique net.

— Utiliser le Taser est tout aussi dangereux pour Adam que de le laisser tirer avec son arme, me dit Lugh.

Enfin nous nous parlions de nouveau ! Même si j’étais pressée de l’interroger sur son mystérieux silence, j’avais mieux à faire pour le moment. Il avait raison concernant le Taser. Si je l’utilisais, le coup projetterait une rafale d’étiquettes de la taille de confettis qui identifieraient Adam. Sans compter que le Taser enregistrerait exactement l’heure à laquelle il serait utilisé.

— À moins que tu aies une meilleure idée, pensai-je à l’attention de Lugh, garde tes commentaires pour toi.

Ouais, j’étais un peu irritable, mais je commençais à croire que les chances que Cooper survive à cet interrogatoire étaient très faibles. S’il en réchappait, il pourrait nous créer pas mal d’ennuis – particulièrement à Adam. S’il mourait… Eh bien, s’il mourait et que nous faisions disparaître le corps, nous avions une chance de nous en sortir.

— Je n’arrive pas à croire que je peux penser ça, murmurai-je.

Je me refusais au meurtre de sang-froid.

Je soupirai. En effet, je m’y opposais, mais ce n’était pas le cas d’Adam. Il ferait ce qu’il jugerait nécessaire pour protéger Lugh et, même si Cooper ne savait pas que Lugh me possédait, Adam le considérerait comme une menace indirecte.

Ressasser mes scrupules m’avait ralentie dans mon expédition. J’avais la main posée sur la poignée de la porte d’entrée quand j’entendis une détonation étouffée provenant de l’intérieur, suivie d’un cri de douleur.

Me tenant prête à tirer avec le Taser, je me précipitai à l’intérieur sans savoir ce qui m’y attendait. Mon cœur cognait dans ma poitrine et l’adrénaline submergeait mon organisme.

Le bruit que j’avais entendu ne pouvant être qu’un coup de feu, je supposai donc que Cooper avait tenté quelque chose. Soit Cooper était mort, soit Adam avait de sérieux ennuis. Aucune de ces hypothèses ne s’avéra être correcte.

En déboulant par la porte, je découvris Adam qui se tenait tranquillement dans l’entrée, son arme dans la main droite pointée vers le sol, le coussin dans la main gauche. Puis je vis Cooper.

Recroquevillé sur le sol à mi-chemin entre l’endroit où il se trouvait quand j’étais sortie et celui où se tenait Adam, il se balançait doucement. Un léger gémissement s’échappait de sa gorge et il se tenait la cuisse à deux mains. D’après les sons qu’il émettait, son démon ne devait pas être un grand adepte de la douleur, mais une blessure légère par balle sur un démon pouvait se soigner complètement en quelques heures et ne pourrait pas handicaper Cooper plus de quelques minutes.

— Que s’est-il passé ? demandai-je.

Adam avait l’air sinistre.

— Il a voulu voir si je bluffais. J’ai pensé qu’il pouvait nous être encore utile, alors j’ai préféré tirer dans la jambe plutôt que dans la tête.

Cooper reprenait des forces et j’étais certaine que ses gémissements se transformeraient bientôt en hurlements. Les voisins n’avaient pas pu entendre le coup de feu – ou n’avaient probablement pas compris de quoi il pouvait s’agir –, mais nous aurions de sérieux ennuis si Cooper se mettait à brailler. Nous avions déjà fait assez de bruit comme ça. Ce n’était pas très fair-play de ma part, mais je visai Cooper et tirai avec le Taser.

L’électricité bousille la capacité du démon à contrôler le corps de son hôte. Si bien qu’il n’est même pas capable de parler, encore moins de bouger. Cooper pouvait toujours essayer de crier, mais il ne pourrait pas contrôler suffisamment sa voix pour que le moindre son sorte de sa bouche.

— Au point où on en est, marmonnai-je. Et maintenant ? demandai-je d’une voix plus forte.

— Maintenant, on appelle les renforts, déclara Adam.

Il remit son arme dans son holster, laissa tomber le coussin et sortit son téléphone portable.

Péchés Capitaux
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